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CONTES CORÉENS

Volmaï se sentit très troublée ; elle passa toutes ses journées postée près de la porte, à regarder dans la direction d’où venait, d’habitude, le charbonnier.

Lorsqu’elle l’aperçut enfin, elle alla au-devant de lui et lui dit :

« Je sais que le charbon entassé dans ma cour vient de chez toi.

— Oui, ce sont mes camarades qui l’ont apporté.

— As-tu donc le pouvoir de les commander ?

— J’ai mieux que le pouvoir de les commander, je possède leur amour. »

La jeune fille réfléchit un moment et dit :

« Je désirerais m’acquitter envers toi.

— Tu me fais grand plaisir, dit le charbonnier, et jetant son sac à terre, il embrassa la jeune fille si prestement qu’elle n’eut pas même le temps de penser quoi que ce soit.

— Aucun homme ne m’avait encore embrassée. Bon gré, mal gré, tu deviendras mon mari.

— En ce qui me concerne, je suis consentant. »

Et ils se marièrent.

« Voilà comment elle a épousé un ministre ! » dirent en riant tous les parents, les soupirants et les amies de la jeune fille.

Cependant les nouveaux mariés vivaient heureux.

« Sais-tu lire ? demanda un jour la jeune femme à son époux.