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HISTOIRE

patience et excitait tout le monde à supporter avec courage des souffrances qui devaient, sans doute, bientôt finir.

Chacun avait l’espoir que des secours seraient envoyés de France dès le petit printemps ; de fait l’on n’avait aucun doute à cet égard. Dès que le fleuve fut libre de glaces, la population impatiente et les yeux tournés vers le port, s’attendait donc à les voir paraître à tout moment. Mais aucun navire ne se montrait. L’on resta dans cette pénible anxiété jusqu’au mois de juillet, en proie à une famine qui allait toujours croissante, car les racines qu’on allait chercher jusqu’à plusieurs lieues, devinrent extrêmement rares. Enfin trois vaisseaux parurent derrière la Pointe-Levy. La nouvelle s’en répandit immédiatement avec la rapidité de l’éclair ; mais la joie qu’elle causa ne fut pas de longue durée, car bientôt l’on reconnut avec douleur un drapeau ennemi au bout des mâts. Cependant, dans l’état auquel l’on était réduit, personne ne songea à se défendre. Louis et Thomas Kirtk qui commandaient cette escadre, furent reçus plutôt comme des libérateurs que comme des ennemis. Les préliminaires de la capitulation ne furent pas longs. La ville fut rendue le 29 juillet 1629 ; et aussitôt les provisions y abondèrent. Les conditions accordées à la colonie et le bon traitement que les habitans éprou-