Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/211

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
211
DU CANADA.

autre tribu pour quelque sujet que ce soit ; ou bien encore régler la marche d’une cérémonie publique, &c. ; mais jamais, ou presque jamais, ne statuait-il sur les matières intérieures, c’est-à-dire, relatives à la conduite des citoyens ; son pouvoir n’allait pas jusque-là. La volonté générale, dit l’historien des deux Indes, n’y assujettissait pas la volonté particulière. Les décisions étaient de simples conseils qui n’obligeaient personne, sous la moindre peine.[1] Si dans une de ces singulières républiques, on ordonnait la mort d’un homme, c’était plutôt une espèce de guerre contre un ennemi commun, qu’un acte judiciaire exercé sur un sujet ou un citoyen. Au défaut de pouvoir coercitif, les mœurs, l’exemple, l’éducation, le respect pour les anciens, l’amour des parens, maintenaient en paix ces sociétés sans lois comme sans biens.

On voit que le lien moral faisait toute la force de ces associations. Dans les assemblées, chacun avait droit d’opiner sur les affaires publiques et d’émettre son opinion selon son âge ou ses services. Dans une société où les richesses étaient inconnues, l’intérêt ne pouvait faire dévier les hommes de leurs devoirs ; et comme

  1. Relation des Jésuites (1644 et 45 p. 143.)