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HISTOIRE

ses néophytes. Mais rien n’ébranlait le courage de ces religieux dévoués. Cependant les Hurons de l’île de St.-Joseph étaient réduits à 300. Qu’étaient devenus les autres ? La famine et l’épidémie avaient chassé ceux qu’elles n’avaient pas tués, et qui ne quittèrent ce lieu que pour aller mourir plus loin. Une partie s’enfonça et périt dans les glaces en voulant gagner la terre ferme ; les autres, divisés par troupes, s’étaient réfugiés dans des lieux écartés et dans les montagnes inaccessibles du Nord ; mais les Iroquois comme des loups altérés de sang les poursuivirent dans leur retraite, et firent un affreux carnage de ces misérables épuisés par les souffrances inouies qu’ils avaient endurées. Ceux qui survivaient à St-Joseph ne s’y croyant plus en sûreté, et s’attendant à être attaqués d’un moment à l’autre, supplièrent le P. Ragueneau et les autres missionnaires de se mettre à leur tête, de rassembler leurs compatriotes dispersés, et d’aller solliciter du gouverneur français une retraite où ils pussent cultiver tranquillement la terre, sous sa protection. Ils prirent la route du lac Nipissing et de la rivière des Outaouais afin d’éviter les Iroquois, route écartée dans laquelle cependant ils trouvèrent encore de terribles marques du passage de ces barbares ; et après avoir été deux jours à Montréal, où ils ne se