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DU CANADA.

de Laval, abbé de Montigny, appartenant à l’une des plus illustres maisons de France, celle des Montmorenci. Il faut attribuer principalement à la hauteur de son sang, l’influence considérable que ce prélat exerça dans les affaires de la province, faisant et défaisant les gouverneurs à son gré, et selon ce qu’il concevait être l’intérêt de son siége, quoique ce ne fût pas toujours celui de la colonie. Il était doué de beaucoup de talens et d’une grande activité ; mais son esprit était absolu et dominateur ; il voulait faire plier tout à ses volontés. Le zèle religieux confirma encore chez lui ce penchant, qui sur un petit théâtre dégénéra souvent en querelles avec les hommes publics, les communautés religieuses, et même avec les particuliers, Il s’était persuadé qu’il ne pouvait errer dans ses jugemens, s’il agissait dans l’intérêt de l’Église. Cette idée lui fit entreprendre les choses qui auraient paru les plus exorbitantes en Europe. En montant sur son siége épiscopal, il travailla à faire de tout son clergé une milice passive, obéissant à son chef comme les Jésuites à leur général. Il voulut même rendre le pouvoir civil l’instrument de ses desseins, ou le désarmer, en lui faisant décréter l’amovibilité des cures et le payement des dîmes à son séminaire. Mais cette entre-