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DU CANADA.

ancien peuple, au grand détriment de la religion. Une pareille conduite, vu les élémens de la société américaine, ne pouvait se prolonger au-delà d’un certain terme en Canada, terme que la conquête est venue précipiter. Depuis cet événement, les prêtres et les évêques étant devenus insensiblement canadiens, cet esprit a heureusement disparu. Nulle part aussi le clergé n’est plus influent ni plus aimé que dans ce pays. Sa sagesse l’éloignera toujours sans doute de l’arène politique où s’agitent tant d’intérêts et tant de passions ; arène dans laquelle d’ailleurs il ne pourrait descendre sans compromettre gravement sa mission. Le grand exemple de la France, au dernier siècle, est là pour prouver la vérité de cette assertion. En outre, l’accablante majorité des populations protestantes dans cette partie du continent, où l’ardeur des méthodistes n’est pas moins grande que celle des plus zélés catholiques, lui fait une loi d’agir avec la plus grande prudence et la plus grande réserve. Le martyre obtenu dans des luttes entre des chrétiens, ne doit être à aucun titre désirable ; et les proclamations journalières de triomphes d’un autel sur l’autre, dans un pays où il y en a tant, sont des actes qui annoncent plus de fanatisme que de saine raison.

Les dissensions religieuses qui ont éclaté en