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DU CANADA.

restait plus à M. de Mésy d’autre alternative que de se soumettre à la volonté de son adversaire, ou de se faire une majorité en essayant les chances d’un coup d’état, dernier refuge d’une administration chancelante. Il prit ce dernier parti qui était plus conforme à son caractère, et il suspendit de leurs fonctions tous les membres partisans de M. de Pétrée, donnant pour raison que celui-ci les avait désignés à son choix, parcequ’il les connaissait pour être de ses créatures ; et « qu’ils avaient voulu se rendre les maîtres et sacrifier les intérêts du roi et du public à ceux des particuliers ».

Le roi, soit par défiance des gouverneurs, soit pour captiver la bonne volonté du clergé, soit enfin pour se conformer à l’esprit de la constitution politique du royaume, où le clergé comme corps formait un des pouvoirs de l’État conjointement avec la noblesse et le peuple, avait adjoint à ces mêmes gouverneurs le chef du sacerdoce, toujours si puissant, pour faire, comme nous l’avons déjà dit, la nomination annuelle des membres du conseil. Ce partage d’autorité jetait l’évêque dans l’arêne politique, en même temps qu’il en faisait un égal, ou plutôt un rival et un observateur du chef du gouvernement de la colonie dans l’exercice de l’une des prérogatives les plus importantes de la cou-