Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/383

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
385
DU CANADA.

lir toute liberté commerciale, et d’empêcher les habitans de rien importer eux-mêmes de France, même pour leur subsistance, tout le monde a été révolté. Au reste une pareille politique enrichirait, il est vrai la compagnie, mais ruinerait les colons canadiens, et serait par celà même un obstacle à l’établissement du pays.

Ces représentations si sages ne furent pas sans effet. Dès le 8 avril suivant, par un arrêt du conseil du roi, la compagnie abandonna à la colonie la traite des pelleteries avec les Sauvages telle qu’elle lui avait été concédée par l’ancienne société, et lui rendit la liberté du commerce avec la France, se réservant le droit du quart sur les castors, du dixième sur les orignaux et la traite de Tadoussac, mais encore s’obligeant de payer, pour cette réserve, les juges ordinaires, dont, suivant M. Gaudais, la subvention se montait à 48, 950 livres, monnaie d’alors.

Il était grandement temps que cette réforme commerciale s’effectuât. Tout était tombé dans une langueur mortelle. Le conseil souverain avait été obligé de faire réglemens sur réglemens pour satisfaire les habitans qui poussaient de grandes clameurs ; et d’une ordonnance à l’autre le commerce s’était trouvé soumis à un véritable esclavage. Le conseil voulut limiter, par exemple, par un tarif le