Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome I, 1845.djvu/395

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
397
DU CANADA.

la rade de Québec, chargés de toutes sortes de marchandises, proportion plus grande relativement à la population, que les 1200 navires qui fréquentent annuellement nos ports aujourd’hui ; c’était le fruit à la fois et de l’impulsion éclairée donnée par Talon, et de la liberté du commerce qui venait d’être accordée à la colonie ; liberté, cependant, qui n’était pas égale en toutes choses, puisqu’une ordonnance du conseil souverain fut passée dans l’année même pour défendre dans la province, dès qu’il y aurait été établi des brasseries, l’entrée des vins et des eaux-de-vie sans un permis du roi. C’était une nouvelle manière de mettre en vigueur les défenses de vendre des boissons fortes aux Indigènes ; manière tyrannique si l’on veut, mais qui devait atteindre sûrement son but.

Cependant, comme l’émigration n’était pas aussi considérable qu’on s’y était attendu, l’on prit le sage parti d’y licencier le beau régiment de Carignan, à condition que les soldats prendraient des terres et s’y établiraient, politique qu’on ne saurait trop louer, sous le rapport militaire surtout, parceque l’on ne combat jamais mieux que lorsque c’est pour défendre son bien. Six compagnies qui étaient repassées en France avec le vice-roi, revinrent à cet effet en Amérique. Les officiers, dont la plupart étaient