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DU CANADA.

de découvertes et de colonisation excitaient contre lui l’envie des hommes médiocres et la jalousie des traitans, qui tremblèrent pour leurs intérêts. Cette crainte n’était pas en effet chimérique, puisqu’il obtint, avec la concession du fort de Frontenac, le privilège exclusif de la traite dans la partie supérieure du Canada. Ce monopole si injudicieusement donné, ameuta contre lui et les marchands et les coupeurs de bois. Pendant qu’il était encore sur la rivière des Illinois, les premiers firent saisir tout ce qu’il possédait et avait laissé à leur portée ; ils lui firent éprouver par là de grandes pertes en affaiblissant son crédit. De leur côté les derniers indisposaient contre lui les tribus sauvages, et intriguaient auprès de ses propres gens pour les faire déserter et pour faire manquer l’entreprise de leur chef[1]. Ils

  1. Leclerc et Zénobe Mambré : — « L’entreprise qui devait être soutenue par toutes les personnes bien intentionnées pour la gloire de Dieu et pour le service du roi, avait produit des dispositions et des effets bien contraires, dont on avait déjà imprimé les sentimens aux Hurons, aux Outaouais de l’Île, et aux nations voisines pour leur causer de l’ombrage : le sieur de la Salle y trouva même encore les 15 hommes qu’il avait envoyés au printemps (1679) prévenus à son désavantage, et débauchés de son service ; une partie de ses marchandises dissipée, bien loin d’avoir poussé aux Illinois, pour y faire la traite suivant l’ordre qu’ils en avaient, le sieur de Tonti qui était à leur tête ayant fait inutilement tous ses efforts pour leur inspirer la fidélité ».