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DU CANADA.

le 26 ou le 27 juillet (1684) ; elle avait perdu dix ou douze jours dans cette ville pour attendre le résultat de l’ambassade envoyée auprès du gouverneur de la Nouvelle-York ; elle perdit encore deux semaines entières à Catarocoui. Après tous ces délais, elle traversa le lac. Toute la colonie murmurait hautement contre M. de la Barre. Cette lenteur devint en effet funeste à l’expédition. Les vivres, par leur mauvaise qualité, remplirent l’armée de maladies, et pour comble de disgrâce manquèrent bientôt ; la disette réduisit en peu de jours des troupes campées à l’entrée des cantons à l’état le plus déplorable. Avant même d’avoir vu l’ennemi elles allaient être, faute de provisions, obligées de battre honteusement en retraite. C’est dans cette circonstance critique que les députés de trois des cinq nations arrivèrent, malgré les sollicitations de Dongan qui n’avait réussi à empêcher que les Agniers et les Tsonnonthouans de consentir à la paix. Ils rencontrèrent M. de la Barre à quatre ou cinq lieues au dessous de la rivière Oswégo, dans une anse à laquelle l’on a donné le nom de la Famine qu’elle conserve encore, pour commémorer les privations qu’on y avait endurées. Le gouverneur ne put cacher sa joie en voyant arriver ces ambassadeurs, qui comprirent à l’aspect des Français que les rôles étaient