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DU CANADA.

livré nos chefs à un rude et indigne esclavage ; elle n’écoutera plus que sa fureur à laquelle nous ne serions plus les maîtres de te soustraire. » Après ce discours dont la simplicité n’est égalée que par la grandeur et la noblesse du sentiment qui l’inspire, ces Sauvages donnèrent au missionnaire des conducteurs qui prirent par des routes détournées, et ne le quittèrent qu’après l’avoir mis hors de danger. Un autre Jésuite, le P. Millet, qui se trouvait aussi alors dans les cantons, fut adopté par une femme qui l’arracha de cette manière au supplice du feu.

Le roi de France, dès que cette nouvelle lui parvint, s’empressa de désavouer la conduite du gouverneur, que semblait autoriser cependant une lettre que ce monarque avait fait adresser à M. de la Barre, dans laquelle il lui ordonnait d’envoyer les prisonniers iroquois aux galères, les regardant comme des sujets révoltés. Mais l’on n’avait point suivi ces injonctions dans le temps ; et dans le cas actuel, loin de s’y être conformé, l’on s’était emparé des chefs de cette nation par un guet-à-pens odieux ; l’on avait violé dans leurs personnes le caractère sacré et inviolable d’ambassadeurs. L’on s’empressa donc de les renvoyer en Canada pour détruire les funestes effets de cette perfidie, tant par rapport à la