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DU CANADA.

canots pour visiter les étrangers qui entraient sur le territoire de la tribu. L’entrevue fut amicale ; et les Européens et les Sauvages se séparèrent fort contens les uns des autres ; Avant de partir le chef indien demanda la permission de baiser les bras du capitaine français ; ce qui était une des plus grandes marques de respect chez ces peuples.

Cependant, ce dernier, après avoir reconnu le fleuve jusqu’au bassin de Québec, voyant la saison avancée, prit la résolution hardie d’y passer l’hiver. En conséquence, il fit monter ses vaisseaux dans la rivière St.-Charles, nommée par lui, Ste.-Croix, sous la bourgade de Stadaconé qui couronnait une montagne du côté du sud, pour les mettre en hivernage. Cet endroit du St.-Laurent est, à cause de ses points de vue, l’un des sites les plus grandioses et les plus magnifiques de l’Amérique.

Les deux rives du fleuve depuis le golfe ont un aspect imposant, mais triste. Sa grande largeur à son embouchure, quatre vingt dix milles, les dangers de ses nombreux écueils et ses brouillards en en faisant un lieu redoutable pour les navigateurs, contribuent encore à augmenter cette tristesse. Les côtes escarpées qui le bordent pendant l’espace de plus de cent lieues ; les montagnes couvertes de sapin noir, qui resser-