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DU CANADA.

sans pouvoir prendre de repos et manquant de vivres, étaient tellement épuisées de fatigue qu’elles ne purent poursuivre les fuyards.

C’était pour rompre le traité que les Abénaquis venaient de conclure à Pemaquid avec les Anglais, que M. de Villieu en entraîna 250 à sa suite et tomba avec eux, en 1694, sur les établissemens de la rivière Oyster, dans le New-Hampshire, brûla quantité de maisons dont 5 étaient fortifiées et furent vaillamment défendues, et tua ou emmena en captivité un grand nombre d’hommes.

Mais ce genre d’hostilités, qui coûtait beaucoup de sang, ne pouvait avoir d’autre résultat que de plaire aux Sauvages, car ce n’est pas par des irruptions partielles, rapides et fugitives, que l’on devait espérer de faire des conquêtes importantes et qui pussent influer sur le sort de la guerre. Aussi M. de Pontchartrain écrivait-il à M. de Frontenac, que le roi bornait ses vues touchant la Nouvelle-France à ne s’y point laisser entamer. L’ancien monde était en effet le théâtre sur lequel la France, d’un côté, et la coalition européenne, de l’autre, se portaient de grands coups ; sur lequel Condé et Luxembourg, pour la première, luttaient avec ses nombreux ennemis conduits par la tête froide de Guillaume III. Celui-ci n’avait guère de loisir non plus pour écouter ses colonies