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HISTOIRE

Il se décida à aller lui-même aux Illinois, ce qui aurait été une faute si sa présence n’eût pas été nécessaire en Canada pour faire taire ses opposans toujours prêts à déprécier ce qu’il faisait. Il partit le 12 janvier 1787 avec 17 hommes, laissant 20 personnes à St.-Louis, tant hommes que femmes et enfans ; de sorte qu’à cette époque le nombre des colons était donc déjà réduit de 180 à 37. Un Canadien, M. le Barbier, y fut laissé pour commandant, « Nous nous séparâmes les uns des autres, dit Joutel, d’une manière si tendre et si triste, qu’il semblait que nous avions tous le secret pressentiment que nous ne nous verrions jamais ».

La marche fut lente et pénible. Le 16 mars, on était encore sur l’un des affluens de la rivière de la Trinité, lorsqu’une sanglante tragédie vint mettre le comble aux malheurs qui avaient déjà frappé cette entreprise. Quelques hommes de l’expédition, à la tête desquels était Duhaut, s’étant isolés du reste, eurent un démêlé avec un neveu de la Salle nommé Moragnet ; aigris par leurs pertes, par leurs privations et par la hauteur de cet homme, ils résolurent de le tuer, et de faire la même chose à ses deux compagnons pour cacher leur forfait. Mais ils n’eurent pas plus tôt commis ce triple assassinat que, craignant la