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DU CANADA.

yale, les circonstances dans lesquelles ils étaient venus s’y établir étaient de nature à augmenter encore le mal ; fuyant le joug étranger en Acadie et à Terreneuve, ils avaient tout sacrifié pour venir vivre et mourir sous le drapeau de la France, qui ne faisait pas tout ce qu’elle aurait dû faire pour protéger une population qui lui montrait tant de dévouement. Ils arrivèrent dénués de tout dans l’île. Dans l’impuissance, dit l’historien que nous avons cité plus haut, de se pourvoir d’ustensiles et des premiers moyens de pêches, ils les avaient empruntés à un intérêt excessif. Ceux même qui n’avaient pas eu besoin d’abord de ces avances, ne tardèrent pas à subir la dure loi des emprunts. La cherté du sel et des vivres, les pêches malheureuses les y réduisirent peu à peu. Des secours qu’il fallait payer vingt à vingt-cinq pour cent par année, les ruinèrent sans ressource.

Telle est à chaque instant la position relative de l’indigent qui sollicite des secours, et du citoyen opulent qui ne les accorde qu’à des conditions si dures, qu’elles deviennent en peu de temps fatales à l’emprunteur et au créancier ; à l’emprunteur, à qui l’emploi du secours ne peut autant rendre qu’il lui a coûté ; au créancier, qui finit par n’être plus payé d’un débiteur que son usure ne tarde pas à rendre in-