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HISTOIRE

la plus sûre de parvenir à la vérité sera d’exposer simplement les faits.

Après le traité d’Utrecht l’Angleterre garda l’Acadie sans en faire reconnaître les limites, et ne réclama point les établissemens formés le long de la baie de Fondy, depuis la rivière de Kénébec jusqu’à la Péninsule. Les Français restèrent en possession de la rivière St.-Jean et s’y fortifièrent ; ils continuèrent d’occuper de même la côte des Etchemins jusqu’au fleuve St.-Laurent sans être troublés dans leur possession. Telle fut quant à eux la conduite de la Grande-Bretagne ; mais à l’égard des Abénaquis, elle en suivit une autre, et la Nouvelle-Angleterre n’eut pas plus tôt reçu le traité qu’elle en fit part à ces Sauvages, en leur disant que la province cédée, c’est-à-dire l’Acadie, s’étendait jusqu’à sa propre frontière. Et pour les accoutumer en même temps à voir des Américains et les détacher des missionnaires français, elle leur en envoya un de sa façon et de sa croyance. Le ministre protestant s’établit à l’embouchure de la rivière Kénébec, où il commença son œuvre en se moquant des pratiques catholiques.

Le P. Rasle, Jésuite, qui gouvernait cette mission depuis un grand nombre d’années, n’eut pas plus tôt appris ce qui se passait, qu’il résolut de venger les injures faites à son Église. Il