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HISTOIRE

velle-Angleterre avait piqué l’amour-propre des premiers qui brûlaient de se mesurer avec les Américains.

Mais là où la conquête anglaise fit l’impression la plus pénible, ce fut dans la Nouvelle-Ecosse même, parmi les populations acadiennes abandonnées des Français et regardées avec défiance par les Anglais. Le pressentiment du malheur qui devait leur arriver plus tard les inquiétait déjà. Ils venaient de voir la population du Cap-Breton déportée toute entière en France. Ils craignaient une plus grande infortune, celle d’être enlevés et dispersés en différens exils. Ils firent demander au gouverneur à Québec si on n’aurait pas de terres à leur donner en Canada ; et celui-ci fut réduit à éluder cette question d’un peuple qui méritait à un si haut degré la bienveillance de la France.

Les vives instances de M. de Beauharnais ne restèrent pas cependant sans effet. Le gouvernement résolut de mettre sans retard ses recommandations à exécution ; et M. de Maurepas dirigea les préparatifs d’un armement comme la France n’en avait pas encore mis sur pied pour l’Amérique. Le secret de sa destination fut caché avec le plus grand soin. Le duc d’Anville, homme de mer dans le courage et l’habileté duquel on avait la plus grande