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DU CANADA.

de l’apparition de la flotte du duc d’Anville sur les côtes de l’Acadie ; elle fut connue à Boston le 20 septembre. Le peuple, qui dans son triomphe croyait déjà tenir tout le Canada, passa subitement de l’exaltation à l’épouvante ; car l’armement des Français paraissait trop formidable pour avoir seulement Louisbourg et l’Acadie pour objet, et l’on devina facilement contre qui allaient être dirigés ses coups, et que les assaillans allaient devenir les assaillis. En peu de jours 6,400 hommes de milices accoururent de l’intérieur du pays au secours de Boston, et 6,000 autres devaient se tenir prêts dans le Connecticut à y marcher au premier ordre. Le gouverneur fut investi de pouvoirs illimités pour fortifier le havre de cette ville et renforcer les ouvrages de la citadelle, dont l’on fit une des plus fortes que les Anglais possédassent sur le bord de la mer en Amérique. La plus grande activité régnait partout pour repousser l’invasion ; mais, comme l’on a vu, il n’était pas besoin de tant de préparatifs ni de tant d’efforts. « Les exemples d’une protection aussi remarquable sont rares, s’écrie un puritain dans sa reconnaissance. Si l’ennemi eût réussi dans son projet, il est impossible de dire jusqu’à quel point les colonies américaines eussent été dévastées, à quel état de misère elles eussent été réduites.