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DU CANADA.

Le combat s’engagea et continua avec un acharnement égal. Anson et Warren manœuvraient pour envelopper leur ennemi, et la Jonquière pour les déjouer ; mais à la fin il ne put empêcher ses vaisseaux d’être cernés ; et, accablés sous le nombre, ils furent obligés l’un après l’autre d’amener leur pavillon. La perte des Français fut de 700 hommes. Ce fut une affaire où les vaincus s’illustrèrent autant que les vainqueurs. Anson envoya immédiatement à la poursuite des convois une partie de ses forces qui enlevèrent neuf voiles. L’on conduisit à Londres 22 charriots chargés de l’or, de l’argent et des effets pris sur la flotte, dont la défaite priva la Nouvelle-France d’un puissant secours. Le marquis de la Jonquière avait montré beaucoup de talent dans le combat. Le capitaine du vaisseau anglais le Windsor s’exprimait ainsi dans sa lettre sur cette bataille : Je n’ai jamais vu une meilleure conduite que celle du commandant français, et pour dire la vérité, tous les officiers de cette nation ont montré un grand courage ; aucun d’eux ne s’est rendu que quand il leur a été absolument impossible de manœuvrer. En effet, jamais à aucune époque la marine française n’eut des officiers plus braves ; ils faisaient partout des prodiges de valeur qui étaient souvent couronnés de succès ; et lorsqu’ils succombaient c’était sous le nombre.