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HISTOIRE

du gouvernement français, dont la décrépitude ne permettait guère que de faibles efforts pour résister à l’orage qui se formait. Le plus grand sujet d’anxiété pour le cabinet de Versailles, c’étaient les finances. Le trésor était vide. Depuis déjà plusieurs années il murmurait sans cesse contre les dépenses du Canada. Lorsqu’il fallût faire des préparatifs de guerre, il éclata en plaintes ouvertes ; chaque vaisseau apportait des reproches amers à l’intendant sur l’excès des dépenses ; mais peu ou point de soldats pour défendre la colonie. Et pourtant la nouvelle de la mort de Jumonville et de la capitulation de Washington faisait la plus grande sensation en Europe. Le peuple français exclus alors par la nature de son gouvernement des affaires publiques, et qu’on berçait de l’espoir de la conservation de la paix, dut aussi se désabuser. Il fallait faire la guerre. L’Angleterre avait formé ses plans d’invasion comme on l’a vu depuis longtemps ; et c’est en conséquence des ordres qu’elle avait envoyés l’année précédente (1753) aux gouverneurs de toutes ses colonies, afin de les exhorter à agir de concert pour leur commune et mutuelle défense, qu’ils s’assemblèrent en convention au nombre de 7, le 14 juin (1754), à Albany. Dans cette réunion, on signa un traité de paix avec les Iroquois, et l’on dressa un projet d’union