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DU CANADA.

ché ; vous avez fait la fortune des personnes qui ont des relations avec vous par les intérêts que vous avez fait prendre dans ces achats ou dans d’autres entreprises ; vous tenez l’état le plus splendide et le plus grand jeu au milieu de la misère publique… Je vous prie de faire de très sérieuses réflexions sur la façon dont l’administration qui vous est confiée a été conduite jusqu’à présent. Cela est plus important que peut-être vous ne le pensez. »

Cette dépêche foudroyante et qui semblait mettre à nu les spéculations secrètes de l’intendant, le trouva impassible en apparence ; mais il fut intérieurement pénétré à la fois de douleur, de crainte et d’humiliation. Une seconde dépêche répétait les mêmes reproches et comportait des menaces encore plus explicites et plus directes. C’était tout ce qui pouvait être fait pour le moment ; les événements se pressaient avec trop de rapidité pour permettre de porter remède à des abus, dont la cause, soigneusement cachée, exigeait une investigation attentive et minutieuse.

Les obstacles et les malheurs aigrissent le caractère des hommes fiers et excitent souvent leurs plus mauvaises passions. La division entre le gouverneur et le général Montcalm, à laquelle l’on a fait allusion déjà, prit un caractère plus grave après la bataille de