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DU CANADA.

ciers et les soldats de l’armée attaquaient, critiquaient tout haut sa conduite dans leurs propos, et lui attribuaient la détresse et les malheurs dont ils étaient les victimes. Il voulut mettre un terme à un état de chose qui pouvait avoir les suites les plus fâcheuses, mais il n’échappa point lui-même à la passion qui animait ses ennemis. Dans une lettre pleine de récriminations qu’il adressa aux ministres, il demanda le rappel du général Montcalm, qu’il déclara n’avoir pas les qualités qu’il faut pour la guerre du Canada, beaucoup de douceur et de patience étant nécessaires pour commander les Canadiens et les sauvages, et il désigna le chevalier de Lévis pour succéder dans le commandement des troupes.

Ces malheureuses querelles embarrassèrent beaucoup les ministres. Une note fut dressée et soumise au conseil d’état pour rappeler Montcalm, comme il le demandait lui-même, avec le titre de lieutenant-général, et le remplacer par le chevalier de Lévis avec le grade de maréchal de camp. Mais le roi, après réflexion, n’approuva point cet arrangement, et les choses restèrent comme elles étaient. L’on pensa peut-être qu’il serait dangereux, d’une part, d’ôter à ce pays un général aimé du soldat et qui avait toujours été victorieux ; et, de l’autre, de changer un gouverneur qui avait