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DU CANADA.

pris dans la campagne de 59 et sûrement dans la suivante, les Anglais ayant 60, 000 hommes et les Français au plus de 10 à 11 mille, ce ministre l’informa qu’il ne devait pas espérer de troupes de renfort[1] ; et en effet, 600 recrues, 2 frégates et 12 à 15 navires du commerce appartenant la plupart au munitionnaire avec des marchandises et des vivres, furent tout ce qui entra dans le port de Québec avant l’apparition de la flotte ennemie. Quoique par cette conduite de la France, les Canadiens pussent se croire déliés de la fidélité qu’ils lui devaient, puisqu’elle reconnaissait elle-même la supériorité absolue de l’ennemi en Amérique, pas un cependant ne parla de rendre les armes ; ils avaient encore du sang à verser et des sacrifices à faire pour cette ancienne patrie d’où sortaient leurs pères, et s’il y eut des paroles de découragement, elles partirent plutôt des rangs de l’armée régulière que de ceux des colons.

  1. « Je suis bien fâché d’avoir à vous mander que vous ne devez point espérer de recevoir de troupes de renfort. Outre qu’elles augmenteraient la disette des vivres que vous n’avez que trop éprouvée jusqu’à présent, il serait fort à craindre qu’elles ne fussent interceptées par les Anglais dans le passage et comme le roi ne pourrait jamais vous envoyer des secours proportionnés aux forces que les Anglais sont en état de vous opposer, les efforts que l’on ferait ici pour vous en procurer n’auraient d’autre effet que d’exciter le ministère de Londres à en faire de plus considérables pour conserver la supériorité qu’il s’est acquise dans cette partie du continent. » Lettre du 19 février 1759.