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DU CANADA

Quoiqu’il en soit de ces fautes, il sembla qu’il les avait suffisamment expiées par sa mort ; et devant ses dépouilles funèbres on les oublia toutes pour ne se rappeler que ses triomphes et sa bravoure. Les Canadiens comme les Français pleurèrent sa perte comme un malheur public. Il rendît le dernier soupir le lendemain matin de la bataille au château St.-Louis, et fut enterré le même soir, à la clarté des flambeaux, dans l’église conventuelle des Ursulines en présence de quelques officiers. Montcalm avait montré en Canada toutes les qualités et tous les défauts qu’on avait déjà remarqués en lui. Il était plus brillant par les avantages d’une mémoire ornée que profond dans l’art de la guerre ; brave mais peu entreprenant, il négligea la discipline des troupes et ne proposa jamais aucune entreprise importante. Il ne voulait pas attaquer Oswégo s’il n’y eût été forcé pour ainsi dire par les reproches que lui fit sur la timidité qu’il montrait, M. Rigaud, homme borné à la vérité, mais plein de valeur et d’audace et accoutumé à la guerre des bois ; il aurait aussi, dit-on, abandonné le siège du fort William-Henry sans le chevalier de Lévis, et encore devant Québec, dans le printemps, n’osant se flatter de pouvoir arrêter le premier effort du général Wolfe, il parla de lui abandonner cette place