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DU CANADA

ou 3 lieues de la ville, et la guerre d’escarmouches ne discontinua presque point, malgré la rigueur de la saison. La garnison fut sans cesse occupée soit à tirer du bois de chauffage de la forêt du Cap-Rouge, soit à faire de petites expéditions, soit enfin à travailler aux fortifications de la ville, qu’après des travaux inouïs l’on mit en état de soutenir un siége, en achevant les remparts et les couvrant de mortiers et de canons d’un gros calibre, et en terminant les redoutes dont on a parlé et qui étaient au nombre de huit. Tous ces travaux avaient été exécutés malgré les maladies qui s’étaient mises dans les troupes, particulièrement le scorbut, et qui enlevèrent du 24 décembre au 24 avril près de 500 hommes.[1]

De leur côté les Français, outre les fatigues de cette petite guerre, étaient assujettis aux privations de toute espèce qu’une disette prolongée entraîne avec elle. Le général de Lévis mit ses troupes en quartier d’hiver chez les habitans dans les différentes paroisses des

  1. C’est la différence qui se trouve dans le chiffre des soldats entre ces deux époques d’après les ordonnances de paiement. 500 donneraient plus de 4 morts par jour, et Knox rapporte qu’au mois de janvier, dans le temps de la plus grande mortalité, l’on en perdait 2 à 3 par jour. Le journal manuscrit du colonel Fraser dit qu’il en mourut 682 du 18 septembre au 25 avril. La mortalité avait bien diminué à cette dernière date. Un Canadien avait enseigné qu’une infusion de branches de pruche était un remède salutaire pour le scorbut, et en effet ce remède avait eu les résultats les plus heureux.