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DU CANADA

administrateurs qu’on y envoyait d’Europe en matière de gouvernement colonial, et les désordres qu’apportaient dans le commerce et les finances, des émissions imprudentes d’ordonnances et de papier-monnaie qui tombaient bientôt dans l’agiotage et le discrédit, la Louisiane faisait des progrès assez rapides à la faveur de la paix qui y régnait. Mais le calme dont elle jouissait n’était qu’un repos trompeur. Au moment où elle croyait avoir atteint le plus haut degré de prospérité auquel elle fut parvenue depuis sa fondation, elle se vit tout-à-coup frappée des plus grands malheurs qui puissent accabler un peuple, la sujétion étrangère et le partage de son territoire entre différentes nations.[1]

Lorsque le gouverneur de cette fertile contrée, M. d’Abadie, reçut de Louis XV, en 64, l’ordre de communiquer le traité de Paris aux colons, il en fut si affligé qu’il mourut de chagrin. Son successeur, M. Aubry, dut accomplir cette triste mission ; mais il laissa s’écouler du temps. Les Louisianais consternés firent des représentations en France dans les termes les plus pressans et les plus pathétiques ; et

  1. La Nouvelle-Orléans, quoique située sur la rive gauche du Mississipi, fut attachée jusqu’au lac Pontchartrain au territoire cédé à l’Espagne.