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DU CANADA

plaidoyers communs, toutes deux calquées sur celles de l’Angleterre, et tenues de rendre leurs décisions conformément aux lois anglaises, excepté seulement dans les causes pendantes entre Canadiens commencées avant le 1er octobre 1764. Si les Canadiens accueillirent favorablement les lois criminelles de leur nouvelle métropole qu’ils connaissaient déjà un peu, et son code du commerce fait en grande partie sur celui de France, publié sous le grand Colbert, ils n’en repoussèrent pas moins les nouvelles lois civiles, et s’éloignèrent de plus en plus des tribunaux où on les administrait. Bientôt aussi l’on aperçut de l’inquiétude dans les esprits ; des murmures, sourds d’abord, éclatèrent ensuite dans toutes les classes ; et ceux qui connaissaient les Canadiens, de tout temps si soumis aux lois, commencèrent à craindre les suites de ce mécontentement profond, lorsqu’ils les virent critiquer tout haut les actes du gouvernement, et montrer une hardiesse qu’on ne leur avait jamais vue. Le général Murray, quoique sévère, était un homme honorable et qui avait un cœur sensible et généreux. Il aimait ces Canadiens dociles à l’autorité comme de vieux soldats, dont la plus grande partie avait contracté les habitudes dans les armées, ces habitans braves dans les