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DU CANADA

bills de coercition, dirigés contre toutes les provinces de l’Amérique, furent encore présentés par le ministère. Dans l’un on restreignait spécialement les libertés du Massachusetts, et déclarait contraires aux lois, toutes les assemblées publiques non spécialement autorisées par le gouverneur ; dans l’autre on mettait à l’abri de toutes recherches judiciaires les officiers qui se serviraient de la force et même qui tueraient soit en exécutant la loi, soit en apaisant les émeutes. C’était ce qu’on appelait en Canada, après les troubles de 1838, un bill d’indemnité, ingénieuse fiction inventée pour légaliser la tyrannie. La passation de ces deux derniers bills n’éprouva pas moins d’opposition que le premier. Fox, le colonel Barré, Burke, Chatam s’élevèrent contre ces mesures. « Nous avons passé le Rubicon, dit-on, dans la chambre haute ; le mot d’ordre autour de nous, c’est : Delenda Carthago. Eh bien ! prenez-y garde, s’écriait Barré. Les finances de la France sont aujourd’hui dans un état florissant ; vous la verrez intervenir dans nos querelles avec l’Amérique, en faveur des Américains. » En effet, Choiseul avait habilement préparé à sa patrie les moyens de tirer une vengeance éclatante de la perte du Canada. Un autre orateur mit encore plus de véhémence dans ses paroles :