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DU CANADA

latif, en présence de la guerre civile qui régnait dans les autres colonies, où l’Angleterre, irritée de ses échecs, commençait à la faire avec cette cruauté qui avait marqué le passage de ses troupes en Canada en 59, se garda bien de montrer de l’opposition à la volonté métropolitaine, et toutes les mesures du gouvernement passèrent presque à l’unanimité. En effet, ce corps tenait plus de la nature d’un conseil d’état que d’une chambre législative ; il siégeait à huis-clos,[1] et des 23 membres qui le composaient en 77, huit seulement étaient Canadiens. Les autres étaient des fonctionnaires publics, dont la principale sollicitude paraissait d’accumuler les emplois sur leurs têtes et d’accaparer les terres publiques, ou des marchands nés hors du Canada, et qui n’y avaient d’intérêts que ceux de leur commerce, et tous étaient salariés du gouvernement. Les premiers réclamaient, à titre de nobles, toutes sortes de privilèges, comme l’exemption des corvées, du logement des troupes, etc. ; ils étaient conséquemment opposés au peuple dans toutes les questions où ses intérêts pa-

  1. Le serment des conseillers contenait ces mots : “ To keep close and secret all such matters as shall be treated, debated and resolved in council, without publishing or disclosing the same or any part thereof. ” Quelques membres, comme M. Finlay prétendirent en 1781 que ce serment n’engageait les membres que comme conseillers exécutifs, et non comme conseillers législatifs ; mais leur prétention ne fut pas admise.