Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome III, 1848.djvu/474

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
473
DU CANADA

porter une ordonnance pour introduire la loi de l’Habeas corpus. Ce sujet fut amené devant le conseil législatif en 84, et y souleva une violente opposition, surtout de la part de MM. de La Corne St.-Luc, Mabane et Fraser ; mais la métropole s’était prononcée, et la loi passa après avoir subi plusieurs changemens, qui en limitaient les avantages. M. de St.-Luc proposa aussi qu’elle ne s’étendît point aux personnes qui entraient dans les ordres monastiques et les communautés religieuses. Son motif était d’empêcher qu’elles ne pussent briser les barrières du cloître. Mais le juge Mabane observa « qu’elle affecterait le pouvoir de l’évêque, et qu’il serait impolitique de restreindre ce pouvoir, qui lui permettait de suspendre un prêtre ou un curé qui portait ombrage au gouvernement… Le gouverneur, ajouta-t-il, n’aurait pu faire arrêter et détenir, pour les renvoyer dans leur pays, deux prêtres français venus ici sans permission, si cette loi eût été en vigueur. »[1] De leur côté, les communautés protestèrent contre cette exception, qu’elles considérèrent comme injurieuse à leur caractère. « Depuis les troubles des années dernières, dirent-elles, faisant allusion à la po-

  1. Correspondance privée de M. Finlay, lettre au gouverneur Skene, 10 Sept. 1784 : Manuscrits en possession de M. H. Black, avocat de Québec.