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DU CANADA

tans. Elle forme une des époques les plus sombres de notre histoire. Un despotisme sourd, contre lequel les évènemens qui se passaient dans les provinces voisines empêchaient de protester, s’étendait sur les villes et sur les campagnes. Le gouvernement s’enveloppait dans le mystère ; un voile épais couvrait tous ses actes et le rendait redoutable à ceux qui en voyaient les effets sans en deviner les motifs.

Le secret des correspondances privées était violé. Plusieurs fois l’officier qui faisait les fonctions de maître-général des postes, trouva les malles qui venaient d’arriver d’Angleterre, ouvertes chez le gouverneur, et les lettres répandues par terre.[1] Il était encouragé dans cette voie, à ce qu’il paraît, par la plupart des seigneurs canadiens, membres du conseil, qui craignaient la propagande américaine pour leurs privilèges et leur nationalité. Mais le gouvernement allait plus loin qu’ils n’auraient voulu. Tous les jours des citoyens imprudens étaient jetés en prison avec bruit pour effrayer le public ; d’autres plus dangereux disparaissaient secrètement, et ce n’était que longtemps après que leurs parens ou leurs amis appre-

  1. Lettre de H. Finlay à Anthony Todd, secrétaire du bureau général des postes à Londres : “ It has an appearance as if the governor of Nova-Scotia and our governor here were yet permitted to take up and open the mails from England” 1 Dec. 1783.