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DU CANADA

tions de l’Europe et de l’Amérique, et que, comme le vaisseau qui s’engloutit dans les flots de l’océan, il n’aurait laissé aucune trace après lui. Il n’en fut rien pourtant. Abandonné, oublié complètement par son ancienne mère-patrie, pour laquelle son nom est peut-être un remords ; connu à peine du reste des autres nations dont il n’a pu exciter ni l’influence ni les sympathies, il a lutté seul contre toutes les tentatives faites contre son existence, et il s’est maintenu à la surprise de ses oppresseurs découragés et vaincus. Admirable de persévérance, de courage et de résignation, il n’a jamais désespéré un moment. Confiant dans la religion de ses pères, révérant les lois qu’ils lui ont laissées en héritage, et chérissant la langue dont l’harmonie a frappé son oreille en naissant, et qui a servi de véhicule aux pensées de la plupart des grands génies modernes, pas un seul Canadien de père et de mère n’a, jusqu’à ce jour, dans le Bas-Canada, trahi aucun de ces trois grands symboles de sa nationalité, la langue, les lois et la religion.

Toujours soumis aux règles du devoir, aucun peuple, avec les mêmes moyens, n’a fait plus de sacrifice et n’a montré plus de courage et d’héroïsme pour la défense de son pays pendant la guerre, n’a montré plus de respect aux lois et plus d’attachement à ses institu-