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HISTOIRE

Les deux premiers hommes qui vont d’abord fixer l’attention dans la nouvelle lutte qui commence pour les Canadiens sur le grand théâtre parlementaire, sont MM. Bédard et Papineau, que la tradition représente comme étant doués des plus grands talens oratoires ; mais dont malheureusement les discours n’ont pas été conservés par la presse, qui pendant longtemps n’a publié que ceux qui lui étaient envoyés par les orateurs qui les avaient prononcés, ce qui arrivait fort rarement. Ces deux patriotes nous apparaissent aujourd’hui dans l’histoire comme les plus fermes champions des droits populaires, et en même temps les partisans les plus désintéressés et les plus fidèles de l’Angleterre, pour laquelle le dernier s’était déjà distingué par son zèle pendant la révolution américaine.[1] Ils furent dans la législature les premiers apôtres de la liberté et les défenseurs des institutions nationales de

  1. Un officier canadien, M. Lamothe, avait apporté en Canada des dépêches de lord Howe, général anglais à New-York, pour le général Carleton ; elles étaient adressées au séminaire de Montréal. M. Papineau, alors jeune homme, se joignit à M. Lamothe pour les porter à Québec. Elles furent mises dans des bâtons creux, et ils se mirent en chemin par la rive droite du fleuve, évitant les troupes rebelles et les Canadiens qui avaient embrassé leur parti, et marchant de presbytère en presbytère. Ils entrèrent à Québec le 11 mars, et après avoir délivré leurs dépêches ils entrèrent dans la compagnie du capitaine Marcoux comme volontaires, et servirent jusqu’à la levée du siége.