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HISTOIRE DU CANADA

voltigeurs et 150 Sauvages, et les jeta un moment dans la plus étrange confusion.

Mais l’heure était arrivée pour eux d’agir plus sérieusement, afin de former leur jonction avec le général Wilkinson qui descendait. Hampton s’ébranla donc pour marcher en avant. Le chemin de la frontière à l’Acadie traversait un pays marécageux et boisé qui avait été coupé et rendu impraticable par des abattis d’arbres. Hampton pour éviter ces obstacles prit une autre route ; il se dirigea vers la source de la rivière Châteauguay, se rapprochant ainsi davantage du corps avec lequel il devait opérer sa jonction. Mais partout on avait prévu son dessein ; la route avait été embarrassée et couverte d’ouvrages défensifs, et le général Prevost était avec un corps d’hommes à Cauknawaga prêt à s’opposer à la réunion des deux armées ennemies.

À la première nouvelle de sa marche, ce général avait laissé le commandement des forces du Haut-Canada au général de Rottenburgh et était descendu à Montréal pour faire tête à l’orage de ce côté. À son appel toute la milice armée du district s’était ébranlée pour le point menacé, ou se tint prête à partir au premier ordre.

Le 21 octobre, l’avant-garde d’Hampton repoussa les postes avancés des Anglais sur la route de Piper à dix lieues au dessus de l’église de Châteauguay. Aussitôt le major Henry qui commandait la milice de Beauharnois en fit informer le général de Watteville, et ordonna aux capitaines Lévesque et Debartzch de se porter en avant avec leurs compagnies et deux cents miliciens de Beauharnais. Ils s’arrêtèrent à deux lieues de là, à l’entrée d’un bois difficile à pénétrer et offrant par conséquent une bonne protection. Ils y furent rejoints le lendemain matin par le colonel de Salaberry avec ses voltigeurs et une compagnie de milice. Le colonel prit le commandement de tous ces corps et remonta la rive gauche de la rivière Châteauguay jusqu’à l’autre extrémité du bois, où il savait qu’il y avait une excellente position défensive entrecoupée de ravins profonds. Il y établit quatre lignes d’abattis, les trois premières à deux cents verges l’une de l’autre, et la quatrième à un demi mille en arrière où elle défendait un gué dont il fallait fermer le passage pour protéger son flanc gauche. Toute la journée fut employée à fortifier ces lignes, dont la pre-