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HISTOIHE DU CANADA.

que ses troupes n’avaient pas plus de succès sur une rive que sur l’autre, et croyant les Anglais beaucoup plus nombreux qu’ils ne l’étaient en effet, par la manière dont ils étaient disposés dans leurs ouvrages et dans les éclaircis des bois, prit la résolution d’abandonner la lutte, laissant ainsi 3 à 400 hommes vainqueurs de 7000, après une lutte de quatre heures.

Le général Prevost accompagné du général de Watteville arriva sur les lieux vers la fin de l’action ; il complimenta les Canadiens sur leur courage, et leur commandant sur ses dispositions judicieuses. Telle était l’ardeur des combattans, que l’on vit des voltigeurs traverser la rivière à la nage, pendant le feu, pour aller forcer des Américains à se rendre prisonniers.

Le général Hampton après cet échec, perdit tout espoir de pénétrer en Canada et se retira d’abord avec confusion à Four Corners, harassé par les Canadiens, et ensuite à Plattsburgh où il prit ses quartiers d’hiver. Telle fut la victoire de Châteauguay, qui sans être bien sanglante, vu la petitesse du nombre des Canadiens, eut toutes les suites d’une grande bataille.

La nouvelle de la retraite du général Hampton trouva, comme nous l’avons rapporté, l’armée de Wilkinson à Cornwall et à St. Régis sur le St.-Laurent. Ce général convoqua aussitôt un conseil de guerre où il fut résolu que l’attaque de Montréal devait être abandonnée après la retraite de l’aile droite défaite à Châteauguay, et que les troupes rendues à Cornwall, devaient être traversées sur la rive américaine pour y prendre leurs quartiers d’hiver. Ainsi la résistance heureuse de quelques compagnies de milice déterminait la retraite d’une armée de 15 à 16,000 hommes, et faisait échouer le plan d’invasion le mieux combiné qu’eut encore formé la république des États-Unis pour la conquête du Canada. Le colonel de Salaberry fut remercié par le général en chef, dans un ordre du jour, par les deux chambres, et décoré par le prince régent. Les milices reçurent des drapeaux en témoignage de leur bonne conduite dans cette affaire.

L’invasion du Bas-Canada ayant été repoussée, l’offensive fut reprise aussitôt dans le Haut, que les Américains se préparèrent à évacuer. Le général Drummond qui avait remplacé le général de Rottenburgh, monta à la tête du lac Ontario. À son approche, le général McClure qui avait cru le Haut-Canada