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HISTOIHE DU CANADA.

avec plusieurs de ses officiers, sa frégate s’ensabla et le feu porta la mort sur ses ponts encombrés d’hommes. La lutte se prolongea ainsi deux heures avec le reste de la flottille, au bout desquelles le capitaine Pring qui avait pris le commandement, fut obligé d’amener son pavillon. Les Anglais ne sauvèrent que sept à huit chaloupes canonnières qui avaient pris la fuite au début de l’action.

Prevost en voyant Downie engager le combat, avait ouvert le feu de ses batteries et disposé ses troupes en colonnes pour monter à l’escalade. Une colonne devait forcer le pont jeté sur la rivière qui traverse Plattsburgh et attaquer les ouvrages ennemis de front ; une autre devait défiler derrière le camp pour cacher sa marche, traverser la Saranac à un gué qu’on avait reconnu plus haut, et prendre les ouvrages à revers. Les colonnes s’ébranlèrent. Bientôt l’on se battit sur terre comme sur eau. Les chasseurs canadiens étaient à la tête et s’exposèrent sans nécessité. Les obstacles à vaincre étaient nombreux. Le combat ne faisait pas de progrès et les assaillans étaient repoussés ou contenus, lorsque l’armée américaine qui voyait ce qui se passait du sommet de ses ouvrages, poussa des cris de triomphe à la victoire de MacDonough, qui parvinrent jusqu’à la colonne du général Robinson. Cette colonne avait manqué le gué de la rivière et s’était égarée. Robinson inquiet de ce bruit, envoya au quartier général pour en savoir la cause et demander des ordres. Prevost voyant l’issue du combat naval et l’inutilité d’un plus long sacrifice d’hommes, pour s’emparer d’une position qu’il aurait fallu abandonner après la perte de la flottille, lui fit dire de revenir.

En effet sans la possession du lac, le but de la campagne était manqué. Il fit retirer partout les colonnes d’attaque, cesser le feu, et se prépara à lever son camp pour rentrer en Canada avec toute son armée, avant que le général Macomb dont les forces augmentaient à chaque instant par l’arrivée des nombreux renforts que les vaisseaux victorieux portaient où il était nécessaire, put être en état de l’attaquer sérieusement dans sa retraite. On disait même déjà que les milices de Vermont allaient traverser le lac. Si Prevost se fut avancé davantage, il aurait probablement eu le sort de Burgoyne. Tout le long du lac, les Américains