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HISTOIRE DU CANADA

aidés de leurs chaloupes canonnières, pouvaient détruire ses troupes, le chemin étant près du rivage et dans un état affreux.

Après avoir envoyé les blessés en avant et fait démonter les batteries, il ordonna aux troupes de battre en retraite. Elles s’ébranlèrent dans la nuit au milieu d’une pluie qui n’avait pas cessé depuis le commencement de la campagne. Le désordre et la confusion se mirent malheureusement dans leurs rangs. Nombre de blessés et de traînards tombèrent entre les mains de l’ennemi avec presque toutes les munitions de guerre et de bouche, la comptabilité générale, les rôles des troupes, les équipages. La perte fut énorme, parce qu’on avait fait des préparatifs pour passer l’hiver à Plattsburgh. Elle aurait été bien plus grande si toute l’armée américaine s’était mise à la poursuite des Anglais. Plusieurs centaines de soldats désertèrent dès le début de ce mouvement rétrograde.

Telle fut l’expédition de Plattsburgh. Elle fut dictée par le cabinet de Londres et eut le succès des plans formés à mille lieues de distance. L’armée de Prevost était trop faible pour pénétrer bien avant dans les États-Unis et y remporter des avantages réels ; elle était trop forte pour une simple excursion. Au reste la flotte qui devait l’appuyer et sans laquelle elle ne pouvait agir, était trop faible. C’était une base que le moindre choc pouvait renverser, et c’est ce qui arriva. Le reste s’affaissa sous son propre poids. Prevost qui en fut la victime n’en était que l’instrument. Son malheur fut de s’être montré trop obéissant à des ordres imprudens.

Cependant tandis que l’on perdait la suprématie du lac Champlain, l’on reprenait celle du lac Ontario. Un vaisseau de 100 canons venait d’y être achevé ; sir James L. Yeo fit voile de Kingston pour le haut du lac avec une flotte et des renforts de troupes. Le commodore Chauncey avec la flotte américaine fut obligé à son tour de se renfermer à Sackett’s Harbor et de laisser triompher les Anglais, qui allaient maintenant envahir les États-Unis de tous les côtés, du côté de l’océan surtout où leurs déprédations et leurs descentes allaient rappeler les excursions des Normands sur les côtes des Gaules et de la Bretagne dans le 9e et le 10e siècle.

Tant que la guerre contre Napoléon avait été douteuse, l’An-