Page:Garneau - Histoire du Canada depuis sa découverte jusqu'à nos jours, tome IV, 1852.djvu/148

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
152
HISTOIRE DU CANADA.

plaintes générales ; mais on n’avait encore proposé aucun remède. C’était une de ces questions difficiles devant lesquelles l’on recule dès qu’on y porte une attention sérieuse. Le gouverneur y appela vainement celle de l’assemblée, qui était alors trop occupée de la question des subsides, pour se laisser distraire par un objet qu’elle aurait toujours la liberté de discuter, et dont l’ajournement ne portait aucun préjudice aux droits politiques du pays. Elle négligea de la même manière le projet d’érection d’un tribunal judiciaire dans le district de St. François, contrée située entre le district des Trois Rivières et les états du Vermont et de New-Hampshire, malgré les messages du gouverneur et de son prédécesseur. Elle nomma un comité de cinq membres pour dresser, 1o un état des revenus de la couronne et des payemens faits par le receveur général depuis l’établissement de la constitution jusqu’au temps présent, 2o un état en détail de toutes les appropriations de la législature et des payemens faits à compte dans le même espace de temps. Le comité devait ensuite établir la balance, compter l’argent dans la caisse publique et faire rapport avec toute la diligence convenable. Cette résolution toute sage qu’elle fut en elle-même, avait l’apparence d’un soupçon offensant pour le gouvernement. Elle fut considérée comme telle, car elle n’eut aucune suite ; ce qui fut un malheur pour tout le monde, pour les contribuables, pour l’exécutif et pour le fonctionnaire qu’elle regardait plus particulièrement, parce que plus tard il se trouva un déficit de près de £100, 000 dans sa caisse.

Richmond à qui on avait persuadé que l’intention de la chambre n’était que de faire de l’opposition, fut irrité de l’audace qu’elle avait d’oser douter de la fidélité des fonctionnaires, et en allant proroger le parlement lui adressa le discours hautain qui suit :

« Je suis venu prendre les rênes du gouvernement des domaines de sa Majesté dans l’Amérique du nord avec le désir sincère d’exécuter les intentions généreuses et les vues bienveillantes de son altesse royale, le prince Régent ; d’avancer par tous les moyens possibles, la prospérité générale, l’amélioration des ressources mutuelles et le bonheur individuel des sujets de sa Majesté. Je m’étais flatté de l’espoir et de l’attente raisonnable, de trouver dans ces poursuites, l’appui de toutes les personnes instruites et