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HISTOIRE DU CANADA.

fit part à l’assemblée de ce qu’il avait entendu. Là dessus un comité de cinq membres est nommé, lequel présenta quelques jours après, un rapport qui entraîna des débats dans lesquels l’antipathie profonde qui divisait les deux corps éclata dans toute sa force. Le rapport fut adopté à une grande majorité, et il fut résolu que le langage de M. Richardson était faux, scandaleux et méchant ; qu’il tendait à détruire la confiance du roi dans la fidélité et la loyauté de la chambre et du peuple ; que c’était de plus une haute infraction de ses privilèges ; que le conseil devait sévir d’une manière proportionnée au mal qu’on avait voulu lui faire, et que le gouverneur était tenu de destituer le coupable de toutes les places d’honneur, de confiance ou de profit qu’il pouvait tenir de la couronne.

Deux adresses conformes furent présentées, l’une au gouverneur et l’autre au conseil.

Le gouverneur répondit qu’elles renfermaient les conséquences de la plus haute importance ; que les résolutions paraissaient exprimées dans un langage qui ne convenait nullement à la dignité réfléchie d’un corps délibératif ; qu’elles affectaient les privilèges du conseil et la liberté des débats, et qu’il devait pour ces raisons de refuser à la demande qu’elles contenaient. La chambre protesta alors contre toutes les tentatives qui se faisaient pour détruire la confiance dans l’honneur et la loyauté des représentans du peuple, neutraliser leurs efforts en faveur du bien public, et déclara qu’elle avait incontestablement le droit de les réprimer par tous les moyens que la constitution avait mis à sa disposition.

Ce conflit qui caractérise la violence de l’époque, augmenta encore l’irritation des esprits. L’assemblée montra en cette occasion trop de susceptibilité et parut vouloir gêner la liberté des débats. La bonne politique indiquait une marche contraire, parceque rien ne faisait mieux ressortir la faiblesse et le caractère du conseil, que ces apostrophes inspirées par la douleur qu’il éprouvait à chaque coup porté contre sa puissance artificielle. Cependant le gouverneur en voyant la résolution de l’assemblée au sujet des subsides, l’informa qu’il allait payer les dépenses du gouvernement sur les fonds que les anciennes lois avaient mis à sa disposition, à quoi elle répliqua qu’aussitôt qu’elle serait mise en pleine jouissance de ses privilèges et que son offre de voter les subsides annuelle-