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HISTOIRE DU CANADA.

cement du siècle, que le pays demandait une réforme on le menaçait de l’union, et l’on n’accordait rien. On attendait sans doute pour consommer ce pacte que la population anglaise du Haut-Canada réunie à celle du Bas, eût la majorité sur les Canadiens-français, afin de les noyer sans paraître faire d’injustice.

La décision de l’Angleterre semblait devoir calmer les esprits en Canada et ramener l’harmonie entre les différentes branches de la législature ; mais rien n’était changé au fond, et la cause des dissensions restait toujours la même. Aussi allons-nous voir bientôt les mêmes difficultés recommencer avec plus d’ardeur que jamais. L’insolvabilité du receveur-général était arrivée à propos pour faire condamner tout le système administratif. Le gouverneur qui prévoyait l’effet de cette catastrophe financière, n’avait levé qu’un coin du voile à la fois pour diminuer la sensation que cette nouvelle annoncée tout à coup eût pu produire. Ce qu’il avait fait connaître dans la dernière session annonçait que quelque chose n’était pas bien. Dans la session suivante, il informa la chambre que le déficit de ce fonctionnaire était de £96,000, sterling, somme qui égalait presque deux années du revenu public. Dès ce moment les mesures de la chambre touchant les subsides étaient justifiées, et l’administration restait convaincue de connivence sur les abus de ses créatures. Il y avait tant de négligence dans le département de M. Caldwell, qu’on ignorait s’il avait des cautions. On fit des recherches en Canada sans rien trouver. Le gouverneur écrivit à lord Bathurst pour demander des renseignemens de la trésorerie, qui avait nommé le défalcataire à la charge qu’il remplissait, et de laquelle on sut enfin qu’il avait dû donner un cautionnement de 10,000 louis en Angleterre et un pareil cautionnement en Canada, mais qu’il n’avait point fourni le dernier pour des raisons qu’on ignorait. Le receveur-général comme les officiers de douane étaient alors nommés par la trésorerie. La chambre voulut rendre la métropole responsable de ces détournemens, et députa un agent à Londres pour en réclamer le payement. Dans le même temps un autre agent comptable, M. Perceval, percepteur des douanes à Québec, était accusé d’exactions par le commerce, et la chambre qui demandait sa suspension, recevait pour réponse, que c’était un officier honnête, intègre, diligent, qui se conformait aux