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HISTOIRE DU CANADA.

tions, elle savait que malgré les fonctionnaires élevés qui l’avaient fortement conseillé de remettre la convocation des chambres au dernier jour du délai légal, et surtout de ne pas confirmer l’élection de M. Papineau si elle le portait encore à sa présidence, il avait fait changer l’opinion du conseil exécutif à cet égard.[1] Dans les estimations qu’il transmit à la chambre, les dépenses publiques n’étaient point divisées en dépenses permanentes et en dépenses locales, de sorte que les subsides purent être votés dans une forme qui obtint le concours du conseil et l’approbation du chef du gouvernement. Tout le monde crut que la grande question des finances était réglée et que l’harmonie allait renaître. Burton se berçait lui-même de cette illusion. Mais il n’avait qu’un rôle temporaire et pour ainsi dire d’entre acte à jouer ; on lui laissait certaines libertés lorsqu’il avait les guides en main, en attendant qu’on les remit dans d’autres en qui on avait plus de confiance pour atteindre le but sur lequel on avait toujours les yeux. Lord Dalhousie était passé en Angleterre pour s’entendre avec les ministres sur ce qu’il y avait à faire après la déconvenue de leur projet d’union. La surprise des communes n’était plus possible ; il fallait changer de tactique et s’y prendre de plus loin pour assurer le succès et donner à sa cause une forme plus soutenable devant la législature. Le gouverneur reçut de nouvelles instructions, et de retour à Québec, il rouvrit les chambres dans le mois de janvier 1826. Il leur adressa un discours qui était de nature à continuer l’illusion qu’avait répandue Burton. La chambre y répondit dans le même esprit. Le gouverneur manifesta une vive satisfaction en voyant que ses sentimens s’accordaient si bien avec les siens, et déclara qu’il anticipait le résultat le plus heureux pour le bien public. À sa suggestion, la chambre vota une adresse au roi pour demander la révocation des lois passées par le parlement impérial et qui changeaient la tenure des terres en Canada et introduisaient les lois anglaises. Elle faisait observer que les motifs qui avaient engagé la métropole à donner une législature à ce pays, devaient suffire pour empêcher le parlement impérial de s’immiscer dans sa législation intérieure ; qu’il y avait péril pour lui de commettre des erreurs et des injustices graves, et que dans l’exercice de

  1. Lettre de sir Francis Burton à lord Bathurst, du 28 mars 1825.