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HISTOIRE DU CANADA.

en nombre en Canada, mais puissant à Londres par l’influence de ses amis, et soutenu par le bureau colonial qui avait donné carte blanche pour faire triompher sa politique, tint lui aussi une assemblée à Montréal pour adopter une adresse à l’exemple de ses adversaires, et la transmettre à l’Angleterre, sans cesse importunée maintenant par ses colons indociles et remuans. Il déclarait que la chambre avait retenu injustement les fonds de douane du Haut-Canada, passé des lois temporaires pour tenir l’exécutif dans sa dépendance, refusé de donner des représentans aux cantons anglais et d’établir des bureaux d’hypothèques afin d’entraver l’immigration ; il l’accusait aussi d’être conduite par un esprit de domination et de mépris pour les prérogatives de la couronne, et remerciait la providence d’avoir permis que ces prérogatives fussent maintenues pour assurer au pays son caractère anglais, et le gouverneur d’avoir montré une si noble énergie en toute occasion au milieu des funestes divisions qui déchiraient le pays, espérant que les actes de la chambre allaient enfin porter l’Angleterre à prendre la situation en très sérieuse considération et à corriger les défauts et les erreurs que l’expérience du passé et les dernières prétentions des représentans avaient mis au jour. Le gouverneur répondit suivant son rôle dans ces débats lorsqu’on lui remit l’adresse pour la transmettre au roi : « Vous avez très exactement tracé la tendance funeste des mesures que la chambre a adoptées depuis quelques années. Quoique l’effet de ces mesures arrête depuis longtemps les améliorations publiques, je considère cela comme rien en comparaison de l’atteinte beaucoup plus audacieuse qu’elle a osé porter récemment à la prérogative royale. Je ne puis attribuer cet acte à l’ignorance ; quelques uns de ceux qui se trouvent à la tête des mesures factieuses de ce corps, sont des hommes éclairés, et pour cette raison il est du devoir de tous ceux qui savent priser le bonheur dont ils jouissent sous la constitution britannique, de se montrer.

« Je regrette beaucoup de ne pouvoir déposer moi-même en personne votre adresse aux pieds de sa Majesté, tant je désire y ajouter tout le poids que ma situation au milieu de vous pourrait lui donner. De tout ce qui sera en mon pouvoir rien ne sera oublié pour recommander les sentimens et les opinions qui y