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HISTOIRE DU CANADA.

tieuses et de rébellion, ils marchèrent droit à leur but, guidés par cet instinct secret qui a été de tout temps comme la sauve-garde et le bouclier sacré des Canadiens. Chacun sentait que le bureau colonial persistant dans son projet, cherchait des motifs pour revenir au bill d’union de 1822, car sans ses sympathies, sans son appui au parti opposé à la chambre, prouvés par la marche rétrograde du gouvernement depuis 1820, les difficultés auraient été arrangées depuis longtemps. Le chef de police de Montréal, M. Gale porta en Angleterre les dépêches de lord Dalhousie et les adresses qu’il avait reçues. Le bruit courait alors qu’il devait demander une nouvelle division des deux Canadas, par laquelle l’île de Montréal et les townships de l’est auraient été annexés au Haut-Canada. C’était un partisan violent de l’administration. Sa haine contre les Canadiens était notoire, et on savait qu’il avait pris une grande part dans les attentats contre la liberté de la presse, et à la rédaction de la Gazette de Montréal qui demandait l’union des Canadas, demande que le caractère officiel de cette feuille rendait solidaire avec le gouverneur.

Le départ des agens Canadiens ne fit point diminuer les assemblées ni l’agitation. L’on déclarait partout que les prétentions de l’administration répandait l’alarme ; que la chambre devait avoir le contrôle sur les subsides ; que la conduite de la majorité était digne de toute approbation ; que le refus de confirmer la nomination de son président après en avoir appelé au peuple, était un acte d’insulte et de mépris de nature à aliéner son affection ; que par la conduite qu’il avait tenue le gouverneur avait perdu la confiance publique, et que ceux qui acceptaient des commissions pour remplacer les officiers de milice destitués méritaient la réprobation et devaient être regardés comme les ennemis des droits du peuple,

Les partisans du pouvoir, quoique peu nombreux, continuaient de leur côté à s’agiter sans relâche sur tous les points où ils pouvaient s’en rallier quelques-uns, et envoyaient des adresses dans lesquelles ils manifestaient leurs sentimens avec une ardeur qui n’en cédait point à celle de leurs adversaires. Dalhousie répondait à l’une, celle du comté de Warwick : « J’ai vu avec une grande satisfaction par votre langage que la conduite des chefs factieux est généralement réprouvée par tout homme loyal et res-