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HISTOIRE DU CANADA.

des communes si elle était traitée comme le sont les assemblées législatives dans ce pays ? Que dirait-elle si le roi refusait le président qu’elle se serait nommé par une majorité de 55 contre 5. Qu’on regarde les États-Unis. Il n’y a pas pour garder leur immense frontière autant de soldats qu’en Canada. Le même système erroné subsiste dans toutes les autres colonies, où le peuple anglais connaît peu le gouvernement arbitraire qu’on impose. Car tous les gouverneurs militaires sont arbitraires par nature. On devrait les remplacer par des gouverneurs civils. »

M. Huskisson proposa une motion tendante à faire nommer un comité pour s’enquérir de l’état des deux Canadas. « La question, dit-il, est de savoir si ces deux provinces ont été administrées de manière à favoriser leur établissement, leur prospérité et leur attachement à l’Angleterre. Sinon ce sera au parlement à faire les modifications nécessaires. Bien des défauts peuvent exister dans le système ; mais ils étaient inévitables à l’époque où la constitution a été établie. Le pays, ses ressources, ses intérêts étaient alors peu connus, et il n’y a rien de surprenant qu’il s’y trouve des imperfections, quoique cette constitution ait été imaginée par les plus grands hommes d’état de l’Angleterre. Ils avaient à remplir les engagemens que nous avions pris avec les colons français tout en tâchant autant qu’il était compatible avec ces engagemens, d’introduire les avantages qui découlent des lois, de la jurisprudence et d’une administration anglaise.[1]

« L’acte de 91 vous permet de l’amender et d’en considérer toutes les imperfections pour les corriger ; Pitt les avaient prévues.

« La France céda le Canada à l’Angleterre en 63 sans condition, sans stipuler de quelle manière il serait administré, en pleine et entière souveraineté. Sa population n’excédait pas 65,000 âmes. La France y avait introduit son système féodal dans toute sa vigueur, je pourrais dire dans toute sa difformité. Le système français fut suivi non seulement dans les institutions, mais même dans les édifices. Les maisons de campagne des colons avaient tous les défauts et tout le mauvais goût qu’on voit à Versailles, la grandeur et l’étendue exceptées. Tel était l’état du Canada

  1. Le ministre trahit ici l’esprit du bureau colonial dans sa conduite envers les Canadiens français. Il ne peut dissimuler ses sentimens