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HISTOIRE DU CANADA.

exercer plus d’influence sur le gouvernement, c’était pour l’employer à l’avantage de la chose publique, et que ses prétentions étaient inspirées par le besoin qu’avait la société de plus de latitude, de plus de liberté pour répondre à son énergie et à son activité qui se développaient dans une proportion encore plus rapide que le nombre des habitans qui la composaient. Le gouverneur n’ignorait pas qu’il faudrait satisfaire tôt ou tard ce besoin, et que si l’on ne faisait pas de concessions maintenant des difficultés plus graves que toutes celles qu’on avait encore vues ne tarderaient pas à éclater. Ce n’était qu’en usant de la plus grande réserve et de la plus grande prudence qu’il les empêchait de renaître ; mais le moindre accident pouvait briser la bonne entente qui paraissait exister entre lui et les représentans du peuple.

Les conseils législatif et exécutif occupaient alors l’Angleterre. Le ministre des colonies écrivit pour demander des informations sur ces deux corps ; s’il était à propos d’en changer la constitution, surtout s’il serait désirable d’y introduire plus d’hommes indépendans du gouvernement, c’est-à-dire sans emploi de la couronne, et dans ce cas si le pays pourrait en fournir assez de respectables pour cet honneur. Sir James Kempt répondit que le conseil législatif était composé de 23 membres dont 12 fonctionnaires, 16 protestans et 7 catholiques, et le conseil exécutif de 9 membres dont un seul indépendant du gouvernement et un seul catholique ; qu’il n’était pas préparé à y recommander de changement notable ; mais que l’on devait introduire graduellement plus d’hommes indépendans du pouvoir dans le conseil législatif, et n’admettre à l’avenir qu’un seul juge dans les deux conseils, le juge en chef ; qu’il pensait aussi qu’il serait à propos d’introduire dans le conseil exécutif un ou deux des membres les plus distingués de l’assemblée, afin de donner plus de confiance à la branche populaire dans le gouvernement, chose qui lui paraissait de la plus grande importance pour la paix et la prospérité du pays. Il croyait que l’on pourrait trouver assez de personnes qualifiées pour remplir les vides qui arriveraient de temps à autre dans les deux corps. Quand on voit le gouverneur qui paraissait le plus favorable au pays s’exprimer avec tant de circonspection sur les matériaux les plus nécessaires qu’il contenait pour faire marcher