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HISTOIRE DU CANADA.

fait qui prouve que les principes l’emportaient sur les préjugés nationaux, qui inspiraient beaucoup plus le gouvernement que le peuple. L’antipathie du bureau colonial était telle qu’il fallait des efforts répétés pour le persuader à admettre quelques Canadiens dans les deux conseils, et la crainte seule des troubles avec les vives recommandations de sir James Kempt purent l’engager à choisir trois Canadiens français sur les cinq membres qui y furent ajoutés vers ce temps-ci.

Lord Aylmer ouvrit les chambres en 1831 et les informa que la mort du roi et le changement de ministère avaient retardé l’arrangement de la question des finances ; mais que les nouveaux ministres allaient s’en occuper et qu’il espérait que les instructions qu’il allait recevoir à ce sujet mettraient fin à toute difficulté pour l’avenir. L’assemblée se hâta de passer un bill pour empêcher les juges de siéger dans les deux conseils, afin de mettre à l’essai les nouvelles dispositions de l’exécutif. Le bill fut rejeté aussitôt par le conseil législatif, d’où la plupart des membres de l’assemblée conclurent que les ministres persistaient toujours dans leur ancienne politique. Elle résolut alors de maintenir sa position coûte que coûte. Le procureur-général Stuart fut accusé de fraude dans son élection à William-Henry, de partialité, d’exaction en exigeant des honoraires sur les commissions des notaires sans autorité ; d’avoir prêté son ministère à la compagnie de la baie d’Hudson contre le locataire des postes du roi qu’il devait défendre en sa qualité d’officier de la couronne. La chambre qui avait renvoyé ces accusations à un comité spécial, demanda la destitution de ce fonctionnaire, qui fut d’abord suspendu et plus tard destitué après deux ou trois ans d’investigation au bureau colonial, auprès duquel M. Viger avait été envoyé pour soutenir les accusations.

Enfin le gouverneur reçut la réponse des ministres sur la question des subsides. Ils abandonnaient le contrôle de tous les revenus excepté le revenu casuel et territoire,[1] pour une liste

  1. C’est-à-dire des biens des jésuites, des postes du roi, des forges St.-Maurice, du quai du roi, des droits de quint, des lods et ventes, des terres et des bois. Le tout ne se montait qu’à environ £7,000 par année et le gouvernement se le réservait parce qu’il ne provenait point des taxes, mais directement des domaines de la couronne.