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HISTOIRE DU CANADA.

et aux États-Unis, qu’on a cités, des changemens ont été opérés par le peuple, non par suite d’un goût pour la réforme, mais parce que les rois eux-mêmes voulaient violer la constitution. La ligne de démarcation est bien distincte : ils combattaient pour des droits qui existaient, et nous, nous voulons renverser ceux qui sont établis. Le résultat doit être différent. L’histoire est un moniteur fidèle ; elle nous apprend que les conséquences suivent les principes. »

« Je crains, ajouta M. Quesnel à son tour, qu’en nous adressant à l’Angleterre pour demander un changement dans notre constitution, nous ne l’obtenions point et que notre démarche entraîne avec elle des suites désastreuses pour le pays. En Angleterre on n’a jamais voulu convenir des vices de la constitution, et pense-t-on qu’aujourd’hui on y sera plus facile sur ce sujet ? Je ne le crois pas. J’ignore où ces résolutions peuvent nous conduire. Si elles n’excitent point de trop grands troubles, il en résultera au moins une grande réaction. Je souhaite sincèrement que mes prévisions ne s’accomplissent point ; je souhaite me tromper. Quoique je diffère d’opinion avec la majorité de cette chambre, si elle réussit à procurer l’avantage réel et permanent du pays par les moyens qu’elle emploie aujourd’hui, je me réjouirai de ses succès avec les hommes éclairés qui auront formé la majorité. Je regretterai alors de n’avoir pas eu comme eux assez d’énergie pour braver le péril et entreprendre une chose que je regardais comme dangereuse, ou du moins comme très incertaine quant à ses résultats. Si au contraire mes craintes se réalisent, si la chambre succombe dans son entreprise, je partagerai avec les autres les maux qui pourront peser sur ma patrie, je dirai, ce sont sans doute les meilleures intentions qui ont guidé la majorité de la chambre, et on ne me verra point m’unir avec ses ennemis pour lui reprocher d’avoir eu des vues perverses. Voilà ce qui fera ma consolation. »

L’amendement de M. Neilson fut rejeté par 56 contre 24. MM. Cuvillier, Quesnel, Duval, et plusieurs autres Canadiens faisaient partie de la minorité ; et les résolutions qui ont porté depuis le nom de 92 résolutions, furent finalement adoptées. Les administrations provinciales, disaient-elles en substance, foulaient aux pieds les droits et les sentimens les plus chers des