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HISTOIRE DU CANADA.

tibles avec les droits et les privilèges de la chambre qui ne devaient être ni mis en question, ni définis par le secrétaire colonial.

Puisqu’un fait qui n’était pas du choix de la majorité du peuple, son origine et sa langue, était devenu un prétexte d’injures, d’exclusion, d’infériorité politique et de séparation de droits et d’intérêts, la chambre en appelait à la justice du gouvernement de sa Majesté et de son parlement et à l’honneur du peuple anglais ; la majorité des habitans du pays n’était nullement disposée à répudier aucun des avantages qu’elle tenait de son origine et de sa descendance de la nation française, qui sous le rapport des progrès qu’elle avait fait faire à la civilisation, aux sciences, aux lettres et aux arts, n’avait jamais été en arrière de la nation britannique et était aujourd’hui dans la cause de la liberté et la science du gouvernement sa digne émule. Enfin elles finissaient par mettre lord Aylmer en accusation, en priant les communes d’Angleterre de soutenir les plaintes devant la chambre des lords, et les membres indépendans des deux chambres impériales de les appuyer, entre autres O’Connell et Hume. Elles invitaient en même temps les libéraux canadiens à se former en comités dans toutes les parties du pays, pour correspondre avec ces deux hommes d’état, avec M. Viger, et avec les autres colonies en leur demandant leur appui dans des questions qui les intéressaient toutes également.

M. Morin fut chargé d’aller remettre à M. Viger, toujours à Londres, les pétitions basées sur ces résolutions et destinées aux deux chambres du parlement impérial.

Le conseil législatif, en présence de l’attitude de l’assemblée, vota des adresses contraires aux siennes, pour prier le roi de maintenir la constitution pure et intacte. Les marchands anglais de Québec et autres, opposés à la politique de l’assemblée, signèrent aussi une pétition à la couronne dans le sens de celle du conseil, dans laquelle ils observaient qu’elle voulait donner aux Canadiens-français une supériorité sur les autres habitans, qu’elle voulait s’emparer des terres publiques et entraver l’émigration, que la qualification en biens immeubles exigés des magistrats était faite pour exclure les Anglais de ce corps, que la loi des jurés avait la même tendance, que l’assemblée avait montré une hostilité constante au commerce, que le conseil législatif était leur sauvegarde