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HISTOIRE DU CANADA

295 sur 580 nommées à des emplois non salariés ; que sur 330 commissaires des petites causes, 151 étaient de la même origine, et qu’au reste l’on devait préférer les personnes les plus propres sans distinction d’origine ; que toutes les places dans l’église catholique, comme les cures dont les appointemens excédaient £25,000, étaient entre les mains des Canadiens-français, qu’il en était de même des maîtres d’écoles de campagne, dont les salaires et les allocations s’élevaient à £18,000. Mais la partialité avait été si grande avant lui, et l’abus était si enraciné encore que s’il avait donné 80 places aux Canadiens qui formaient les trois quarts de la population, il en avait donné 62 aux Anglais qui formaient l’autre quart, et que les salaires et les émolumens de ces 62 excédaient de beaucoup ceux des 80. D’après la liste civile, l’estimation soumise à la chambre en 1834 et d’autres sources, les fonctionnaires recevaient £71,770, distribués comme suit : Anglais £58,000, Canadiens-français £13,600. Ceux-ci étaient exclus de tous les départemens de l’exécutif, ainsi que du bureau des terres, des douanes et des postes, et dans l’administration de la justice qui coûtait £36,000, £28,000 étaient partagés par les Anglais et £8,000 par les Canadiens. Une pareille exclusion, une pareille injustice peut-elle être tolérée sinon sous l’empire de la force matérielle ? C’est insulter les sentimens les plus nobles que de le croire.

Cependant les discussions que le Canada soulevait dans le parlement impérial avaient leur écho au dehors où, les grands journaux, comme le Times, le Chronicle, le Herald, étaient hostiles à l’assemblée et aux Canadiens-français presque totalement inconnus en Angleterre. L’Advertiser, le Globe, prenaient leur défense ; mais il était facile de voir que la grande majorité des communes comme de la nation, n’avait aucune sympathie pour eux.

Le bruit courut d’abord que le commissaire royal allait être le vicomte de Canterbury, ci-devant sir Charles Manners Sutton ; mais bientôt l’on apprit qu’il refusait d’accepter cette mission difficile sous prétexte de maladie dans sa famille. Sa réputation avait fait concevoir des espérances. L’on parla ensuite de lord Amherst, celui-là même qui avait été ambassadeur en Chine et vice-roi d’Irlande. Lord Aberdeen annonça même sa nomination